En présence du préfet de Mayotte, Thierry Suquet, du directeur interrégional Météo-France océan Indien, Emmanuel Cloppet ainsi que de la responsable du centre météorologique de Mayotte, Floriane Ben Hassen, s’est tenu une conférence de presse à la Case Rocher pour présenter les prévisions pour la saison cyclonique 2022-2023.
« Même une simple dépression tropicale peut avoir des impacts forts à Mayotte ». Le directeur interrégional Météo-France océan Indien, Emmanuel Cloppet, avant de présenter les projections pour la saison cyclonique 2022-2023 » s’est attardé sur celle de l’année dernière. Selon les données récoltées, « elle a été tardive, atypique, exceptionnellement active entre février et mars 2022 ».
Une saison cyclonique 2021-2022 exceptionnelle
Si la première partie de la saison a été relativement calme jusqu’au 20 janvier, la seconde a pour sa part été bien plus active avec neuf tempêtes et cyclones en l’espace d’un mois et demi seulement. Une saison de tous les records puisqu’au total ce sont treize tempêtes qui ont vu le jour, dont cinq ayant atteint le stade de cyclone. Madagascar a été touchée par six systèmes dépressionnaires dont cinq sur la côte Est, deux situations inédites. Difficile, selon Emmanuel Cloppet, d’affirmer que la saison précédente constitue « une tendance de fond ». Néanmoins, note Floriane Ben Hassen, responsable du centre météorologique, le changement climatique se fait « déjà ressentir à Mayotte ». Quelles en seront les conséquences à venir ? Élévation du niveau de la mer, augmentation de la fréquence des cyclones tropicaux les plus intenses ainsi que la quantité de pluies générées lors des épisodes cycloniques et l’extension des zones exposées notamment dans la partie Nord du Canal du Mozambique.
L’actuelle saison débute calmement
Néanmoins, pour la nouvelle saison qui vient de débuter en novembre dernier et qui court jusqu’en avril de l’année prochaine, l’activité selon les projections de Météo-France serait « plutôt inférieure à la normale à l’échelle du bassin cyclonique ». Ainsi selon les prévisions, la probabilité que l’activité soit inférieure à la normale est de 60 % et la probabilité que l’activité cyclonique soit supérieure à la normale est de 10 %. Si jusqu’à maintenant le début de saison est très calme dans l’Ouest du bassin, il n’est pas exclu que l’activité cyclonique se développe dans cette zone avec des trajectoires majoritairement orientées d’Est en Ouest impliquant un risque accru pour Madagascar et le Mozambique. Rien d’alarmant mais comme l’a rappelé Emmanuel Cloppet, « Mayotte est un territoire à risque, il faut être lucide ». Si depuis 1980, seules trois alertes rouge ont concerné le département avec Kamisy en avril 1984, Feliksa en février 1985 et Belna en décembre 2019, le risque cyclonique est bien présent avec trois épisodes depuis 2014. Or Mayotte présente une vulnérabilité liée aux coulées de boue ainsi qu’en raison d’un habitat précaire et un parc de logement dégradé.
La préparation, la meilleure attitude possible
Pour se tenir au mieux préparer, le risque zéro n’existant pas, la directrice de cabinet du préfet à rappeler que « chaque commune de l’île » possède un « plan communal de sauvegarde». Réalisé sous la responsabilité du maire, cet outil permet de planifier les acteurs communaux à la gestion du risque en cas d’événements naturels, technologiques ou sanitaires majeurs. Ainsi en vertu de ce plan pour la mairie de Mamoudzou, le premier adjoint au maire, Dhinouraine M’Colo Mainty, a souligné qu’en cas de confinement lié à un risque cyclonique « les groupes scolaires de la commune seront ouverts au public qui n’ont pas de logement en dur ».
Par ailleurs, afin d’accroître la réactivité de l’information, le préfet de Mayotte, Thierry Suquet, a présenté le nouveau dispositif se mettant en place sur le département : FR-Alert. « Il s’agit d’un système d’alerte des populations qui permet d’envoyer des notifications sur les téléphones portables des personnes présentes dans une zone confrontée à un danger », a-t-il détaillé. Grâce à un partenariat avec les opérateurs téléphoniques et l’Etat, une notification avec une sonnerie bien particulière est susceptible d’être envoyée à la population qui serait confrontée « à un risque naturel, biologique et chimique ou encore technologique », a détaillé le préfet. Si aucun test grandeur nature n’est prévu pour vérifier ce dispositif, il n’est pas exclu que localement certains puissent être réalisés. Ce dispositif constitue ainsi une corde supplémentaire à l’arc de la prévoyance.