Cela fait maintenant quelques temps que nous vous en parlions, les solars mamas de Koungou sont arrivées au Sénégal au début du mois de décembre pour suivre une formation de 4 mois sur l’installation de panneaux photovoltaïques. A leur retour elles seront capables d’installer des kits solaires sur des logements.
C’est avec l’ONG indienne Barefoot College International que la commune de Koungou s’est associée pour envoyer au Sénégal et former 3 habitantes du quartier de Carobolé à l’énergie solaire. « Les premiers échanges que nous avons eus avec l’ONG remontent à mars 2021 », indique Bastien Camps, chef de projet au service développement urbain de la Ville de Koungou. L’origine de ce programme, d’un coût global de 55 000€ financé par l’Agence française de développement (AFD) et Action logement, tient de la volonté de la Ville de Koungou de développer sa politique d’urbanisme et de résorber les habitations insalubres de la commune en construisant des quartiers récents. « Le quartier Carobolé était un des plus vieux bidonvilles de Mayotte, la municipalité a décidé de le détruire afin de reconstruire un quartier neuf avec des équipements modernes », poursuit Bastien Camps. Un des autres objectifs de ce projet est également de mettre en place une politique urbaine et environnementale exemplaire.
A Mayotte la lumière baigne tout au long de l’année
L’île au lagon est l’un des endroits au monde les plus ensoleillés alors que l’utilisation de l’énergie solaire est marginale sur le territoire puisqu’elle représente près de 5% de l’ensemble. En effet, environ 95% de l’électricité produite se fait avec de l’énergie fossile comme le fioul. Partant de ce constat la commune de Koungou a décidé de repenser sa politique d’aménagement et de développement du territoire. « Avant de détruire le quartier Carobolé nous avons mené une enquête sociale auprès des habitants et nous avons constaté que beaucoup de femmes étaient au foyer et sans travail. Nous nous sommes alors rapprochés de l’ONG Barefoot College International qui forme des femmes isolées, en Inde, à devenir technicienne solaire, et ce depuis les années 1970 ! ».
La commune a donc décidé de recruter des femmes de ce quartier afin qu’elles puissent, à terme, faire des installations solaires sur les toits des logements provisoires dans lesquels vit la population du quartier Carobolé en attendant de nouveaux logements. Un des premiers critères de sélection était la capacité de pouvoir partir 4 mois en totale autonomie, loin de leur famille. La motivation était bien-sûr l’autre critère essentiel pour participer à ce projet. Les solars mamas vont ainsi être formées pour monter, entretenir, réparer des installations solaires comme des panneaux. De plus elles vont également avoir des cours sur comment gérer un budget, une petite entreprise, etc.
Nos solars mamas sont donc les premières de l’île à suivre cette formation. « C’est une expérimentation, nous souhaitons continuer ce partenariat avec l’ONG en envoyant dans le futur d’autres promotions. A leur retour, début avril 2023, il y aura une phase d’observation. Le but est qu’elles mettent en place des installations solaires sur des logements provisoires dont 10 vont être livrés fin décembre et 30 en juin prochain, indique Bastien Camps. Le second objectif est qu’elles crééent leur microentreprise spécialisée dans le solaire. Nous sommes convaincus que ce modèle énergétique est positif pour Mayotte. C’est un travail qui fait sens pour ces femmes en recherche d’emploi. L’idéal dans le futur serait de faire venir l’ONG indienne Barefoot College International à Mayotte afin qu’elle y installe un centre de formation », complète le chef de projet. Même si leur départ a été repoussé de quelques mois, nos solars mamas motivées sont bien arrivées au Sénégal où elles ont commencé leur formation il y a maintenant une quinzaine de jours et se sont bien intégrées au groupe.