Du 27 mars au 1er avril, tous les établissements scolaires de France ouvrent leurs portes aux journalistes. C’est l’occasion pour la 40ème édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’école, d’aider les élèves de la maternelle au lycée à comprendre et décrypter l’univers des médias, notamment d’apprendre à vérifier les sources et l’information. Et alors qu’un sondage Viavoice publié ce mardi 28 mars pour les Assises du journalisme de Tours annonce que 84% des Français à estimer que le journalisme est un métier utile. En baisse, puisque le score était de 91% au cœur de la crise sanitaire Covid en octobre 2020.
Le collège de Kwale n’a pas dérogé à la règle, deux classes de 4ème et 5ème ont bénéficié de l’intervention d’un journaliste de la rédaction du JDM pour aborder plusieurs sujets. La pluralité de médias à Mayotte, l’utilité de s’informer, « c’est bien pour connaître les village touchés par les coupures d’eau », soulignait une élève. Beaucoup d’entre eux regardent les informations sur Mayotte la 1ère, mais chez les 4ème on trouve aussi des adeptes de Facebook et autres réseaux sociaux. Certains regardent France 24 à l’image de leurs parents, d’autres France info.
Beaucoup de thématiques étaient abordées : les techniques pour vérifier les informations, pour ne pas répercuter sans réfléchir ce que l’on a entendu et laisser la place à la rumeur, les fakes news, les Fermes à trolls*, les préconisations de Christophe Deloire, président de Reporters Sans Frontières, lors d’une table ronde au Sénat « Liberté des médias et protection de la presse en Europe » il y a 8 jours, qui appelait à obliger les plateformes internet à signaler le degré de fiabilité de l’information pour « distinguer ce qui relève du journalisme du reste ». Egalement les pays où il n’est pas facile d’exercer comme journaliste, « à Madagascar », lâche un jeune, où le journaliste Lola Rasohamaro et patron de presse, est en détention dans la Grande Ile depuis samedi, prétendument pour une affaire privée, mais qui avait signé des tribunes très critiques sur le pouvoir en place.
La parole sacrée de la case Rocher
Et lorsqu’après une démonstration, ce sont les élèves qui sont chargés de se transformer en journaliste en herbe, les idées fusent, « il faut parler de l’inégalité entre les filles et les garçons », un sujet qui fait l’unanimité pour les 4ème, autant chez les filles, « ils se croient supérieurs ! », que chez les garçons, « les filles se moquent toujours qu’on est nuls à l’école et qu’on ne travaille pas ! » Un autre préfère un sujet plus technique, « moi je voudrais qu’on parle de la nécessité d’avoir du matériel pour podcaster** à l’école ! » Les 5ème sont plus concernés par l’environnement, « il faut dire qu’on va être trop sur terre et parler de l’avenir du monde », réclame l’un, alors que la question de la « déforestation » retient l’unanimité. Lorsque nous égrenons avec eux les personnes à contacter pour chercher une information fiable sur ce sujet, le préfet revient comme un coup gagnant, ainsi que la police ou la gendarmerie. Y compris sur l’égalité des sexes !
Leur collège publie un journal interne à l’établissement, « Quoi de neuf Kwalé ! », auquel ils peuvent contribuer, le dernier parle du harcèlement, de la propreté dans les sanitaires et de la mode. Il est consultable au CDI.
Le Centre de Documentation et d’Information est logiquement la plaque tournante de l’agenda culturel du lycée. Halima Abdou en a la charge, et organise les thématiques : « Cette semaine, c’est aussi celle des langues étrangères sur le plan national, nous avons décalé les expositions sur la presse à la semaine prochaine », explique-t-elle en déployant les jeux liés aux langues et aux nationalités alors qu’arrive une classe. « Ce sont des élèves qui ont un trou entre deux cours qui peuvent aller en permanence ou venir au CDI ». Un concours d’affiches sur ce thème est en cours, elles sont exposées sur les murs du collège.
Un peu plus loin, une fresque est en train de naître sous le pinceau des élèves, « Solidarité Ouvoimoja piyassi » (Solidarité tous ensemble). A leur côté, deux responsables de l’association Autisme Mayotte : « Nous sommes venus sensibiliser les jeunes à l’autisme et faire en sorte que nos adhérents autistes que nous accompagnons, se socialisent par ce biais. » C’est en réalité une demie-fresque qui sera réalisée, l’autre qui commencera par la deuxième moitié du baobab, sera finalisée à Tsingoni. « Et le 14 avril, il y aura une représentation de tout ce qu’ils auront réalisé ».
Et pour créer une synergie, un dress code est proposé pour la semaine des langues. Avant le bleu-blanc-rouge du français pour vendredi et le rouge et jaune de l’espagnol pour jeudi, ce lundi, enseignants et élèves étaient priés de s’habiller en bleu et rouge pour la journée de l’anglais, ce mardi en vert couleur de l’islam pour l’arabe, et ce mercredi, ce sera la vie en jaune-ylang et blanc pour illustrer le shimaore et le kibushi.
Source : Lejournaldemayotte