Le dernier rapport conjoint des associations pro-migrants – largement subventionnées par l’État – Groupe SOS Solidarités, Forum réfugiés, France terre d’asile, la Cimade et Solidarité Mayotte nous présente l’état des lieux général de la réalité des placements en rétention administrative. Et, comme souvent lorsque l’on évoque le sujet de l’immigration en France, les chiffres sont consternants.
Au total, 43.565 personnes ont été placées dans des centres de rétention administrative (CRA) en 2022, Hexagone (15.922) et outre-mer (27.643) confondus. Bien souvent, les personnes placées dans ces centres (à 94,1 % des hommes) le sont après des contrôles de police (38,2 % des cas) ou après leur sortie de prison (26,6 %). Cerise sur le gâteau, en ne prenant que les chiffres de la métropole, on se rend très vite compte d’une chose : le Maghreb y est surreprésenté. En effet, 40,6 % des retenus sont algériens, tunisiens ou marocains.
Des mesures d’expulsion inopérantes
La France n’a jamais autant prononcé d’obligations de quitter le territoire français (OQTF) que depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron. D’après les chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur, 156.103 OQTF ont été prononcées en 2022. Un nombre qui pourrait susciter un certain enthousiasme si celles-ci étaient réalisées. Une massification des OQTF que l’on retrouve dans la plupart des exemples de personnes placées en CRA sous le coup de mesures d’éloignement. 67,26 % sont sous le coup d’une OQTF, quand 14,43 % sont soumises à la procédure Dublin (transfert vers un pays jugé responsable de l’examen d’une demande d’asile) et 10,71 % interdits de territoire français.
Si le gouvernement veut porter le nombre de places en CRA de 1.788, aujourd’hui, à 3.000, en 2027, il faut aussi qu’il adopte une politique d’expulsion ferme vis-à-vis des pays d’origines. Alors que les pays européens sont prompts à accueillir leurs ressortissants, à l’image de l’Albanie (79,1 % des retenus y ont été renvoyés) ou de la Roumanie (72 % de renvois ont été effectués), les pays du Maghreb, en revanche, sont rétifs à récupérer les leurs : sur 3.744 Algériens placés sous le coup d’une mesure d’éloignement, seuls 749 d’entre eux ont effectivement quitté le territoire français ; de même pour les Marocains (1.419), qui n’ont été que 241 à être expulsés de France ; enfin, seulement 322 des 1.304 Tunisiens ont été renvoyés dans leur pays.
Le cas de l’outre-mer
Évoquer le sujet de l’outre-mer, c’est, en réalité, évoquer celui de Mayotte. En 2022, 26.020 personnes dont 2.905 mineurs étaient placées en CRA. Le 101e département français représente, à lui seul, plus de 94 % des placements en rétention de toute l’outre-mer. Une situation catastrophique à laquelle souhaite remédier le gouvernement avec l’opération Wuambushu. Sur l’ensemble de l’an dernier, 74 % des personnes retenues au centre de Pamandzi, ville de 11.000 habitants à l’est de l’île, avaient été contraintes de rejoindre les Comores voisines.
Malgré leur haut taux d’effectivité, ces expulsions rencontrent un succès en demi-teinte. « Les personnes reviennent sur le territoire aussi vite qu’elles sont éloignées. Il est même possible d’entendre un retenu scander “à tout à l’heure” à un agent de la PAF [police aux frontières, NDLR] ou voir une personne en situation irrégulière discuter avec l’agent policier qui l’a interpellé », indiquent les associations dans leur rapport. Une situation effarante à laquelle s’ajoute une proximité de fait entre agents de l’État et clandestins : « Cette proximité entre les étrangers en situation irrégulière et les agents interpellateurs […] et policiers dans le CRA est bien propre à Mayotte, obligeant les personnes en situation irrégulière à quasi systématiquement collaborer avec les policiers afin de s’assurer un prochain “séjour” au CRA sans difficulté supplémentaire pour eux. » Ainsi, qu’elle soit hexagonale ou ultramarine, la France reste une passoire.
Source : Bvoltaire