Déposer plainte, c’est désormais simple comme un coup de fil. Le ministre de l’Intérieur a annoncé, ce mercredi, au cours d’une conférence de presse, l’expérimentation de la visio-plainte depuis une dizaine de jours dans le département des Yvelines. Le service, qui permet le dépôt d’une plainte sans avoir à se déplacer, sera généralisé dans le reste du pays en 2024. « Il sera toujours possible de déposer plainte pour n’importe quelle raison dans un commissariat ou dans une brigade de gendarmerie. Mais on peut désormais le faire aussi de manière distante », a précisé Gérald Darmanin, ajoutant que cette avancée est inscrite dans la Lopmi, votée l’an dernier.
Les services de la place Beauvau ont planché « avec une entreprise française sur un prototype testé depuis le 9 mai dans le CSP (circonscription de sécurité publique) d’Elancourt et dans la zone de compétence de la brigade de gendarmerie de Magny les Hameaux, dans les Yvelines », a indiqué la contrôleure générale de la police chargée du projet, Adeline Champagnat. Comment ça marche ? Le plaignant doit se rendre sur l’application « Ma Sécurité », lancée en mars 2022. Il s’identifie à l’aide de son compte France Connect et choisit un créneau de rendez-vous, un peu comme sur Doctolib. Il reçoit ensuite un lien de connexion par mail et par texto. A l’heure indiquée, il clique et commence sa conversation avec un policier ou un gendarme, en fonction de son lieu d’habitation.
Une meilleure prise en charge
Comme dans une conversation sur WhatsApp, il est possible d’échanger des documents, de couper son micro ou la caméra de son téléphone ou de son ordinateur. Les plaintes peuvent concerner toutes les infractions, « que ce soit les atteintes aux personnes ou les atteintes aux biens », a souligné Adeline Champagnat. S’il s’agit d’une plainte contre X, la victime recevra un mail de confirmation qui sera annexé au procès-verbal. Elle n’aura pas besoin de se déplacer. « En revanche, s’il s’agit d’une plainte contre une personne dénommée, il faudra obligatoirement la signature du plaignant. Les policiers et gendarmes chargés sur dossier lui proposeront de se déplacer à son domicile ou dans tout autre lieu convenu avec lui », a-t-elle expliqué.
Le service doit ainsi permettre de mieux prendre en charge les personnes qui se déplacent difficilement, comme les personnes âgées ou à mobilité réduite. Mais aussi celles qui n’ont pas la possibilité de déposer plainte aux heures habituelles d’ouverture, ou qui redoutent de perdre de temps. « Nous avons fait un premier sondage auprès de 479 usagers, et 80 % d’entre eux se sont déclarés favorables à la visioplainte, de préférence le samedi matin de 8 heures à 10 heures, et de 20 heures à 22 heures. Ce qui va supposer, en terme organisationnel, de modifier des choses dans les brigades ou dans les commissariats », a observé Adeline Champagnat, ajoutant que « les week-ends, il n’y a pas, en principe, d’unité judiciaire pour prendre les plaintes ». L’expérimentation doit aussi permettre « de s’assurer de la fluidité du parcours », de « la faculté du citoyen d’accéder au service », et aussi « de tirer des enseignements sur le plan technique ».
Simple comme un formulaire
Plus simple encore : pour un vol dont l’auteur n’est pas connu – votre vélo, par exemple -, il est possible de déposer plainte en ligne sans l’aide de personne. La victime n’aura qu’à remplir un formulaire sur Internet, ce qui ne nécessite qu’une petite quinzaine de minutes. Elle pourra même le faire en pleine nuit. La plainte sera validée dans un deuxième temps par les forces de l’ordre. « L’idée c’est de remplacer directement la préplainte en ligne et de réduire au strict minimum nécessaire les déplacements dans une brigade ou dans un commissariat », a fait savoir le colonel Barnabé Watin-Augouard, chargé du projet. L’expérimentation de ce service, qui est donc « pour l’instant limité aux atteintes aux biens contre personne inconnue », sera lancée en septembre prochain. Il pourrait ensuite être généralisé avant la fin de l’année.
Source : 20 Minutes