En 2030, la France devrait compter 200.000 places de garde supplémentaires, selon la nouvelle stratégie «petite enfance» du gouvernement qui doit être détaillée ce jeudi par la première ministre à Angers.
Est-ce la fin du parcours du combattant pour les parents de jeunes enfants? En 2030, la France devrait compter 200.000 places de garde supplémentaires, selon la nouvelle stratégie «petite enfance» du gouvernement qui doit être détaillée jeudi 1er juin par Élisabeth Borne à Angers. Dans un premier temps, le gouvernement table sur la création de 100 000 places de garde entre 2023 et 2027 grâce à un investissement dédié de 5,5 milliards d’euros. Cet enjeu est «une priorité présidentielle», souligne-t-on à Matignon. En janvier 2021, Emmanuel Macron avait reconnu que le système était «à bout de souffle». Pendant la campagne présidentielle de 2022, il s’était engagé à créer un service public de la petite enfance.
Venue assister aux conclusions du Conseil national de la refondation (CNR) «Petite enfance» aux côtés du ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, la première ministre se rendra aussi dans une crèche labellisée AVIP, permettant aux parents en recherche d’emploi d’avoir une place de garde en priorité. Un dispositif qui devrait être étendu dans 1000 crèches supplémentaires d’ici la fin du mandat. «Près de 20% des parents n’obtiennent pas de mode d’accueil, plus de 160.000 ne reprennent pas le travail, faute de solution de garde pour leur enfant», avait déploré le chef de l’État début 2022.
Alors que les compétences sur la petite enfance sont morcelées, le gouvernement table avant tout sur la clarification du système pour redynamiser cette politique. Afin de donner un nouvel élan à la création de places, le projet de loi sur le plein-emploi, présenté en conseil des ministres mercredi prochain, donnera un rôle de chef de file aux communes de plus de 3500 habitants. Désignées «organisatrices de l’accueil du jeune enfant», elles auront pour mission de recenser les besoins de places pour prévoir une offre adaptée et informer les familles. Autrement dit, c’est sur elles que reposera le futur «service public de la petite enfance». Les villes de plus de 10.000 habitants devront en outre mettre en place un «relais petite enfance» pour faciliter les recherches des parents.
Les premiers éléments communiqués par Matignon ne reprennent cependant pas le terme de «droit opposable à la garde d’enfants». Il faut dire que le gouvernement a encore des obstacles à affronter avant d’atteindre ses objectifs. À commencer par une grosse pénurie de professionnels de la petite enfance, notamment en crèches, où 49% des structures manquent de bras.
La stratégie «petite enfance» ne compte cependant pas que sur les crèches. Cette réforme «intègre pleinement l’accueil individuel dans le service public de la petite enfance», précise-t-on au ministère des Solidarités. Et de relever que les assistantes maternelles représentent aujourd’hui «la majorité du stock de places d’accueil en France aujourd’hui». Alors que 130.000 départs à la retraite sont attendus ces prochaines années, le gouvernement entend favoriser «tous les leviers de maintien et d’entrée dans ce métier». Un conventionnement entre les assistantes maternelles et les communes pour réserver des places à l’avance pourrait notamment être mis en place.
L’Unaf (Union nationale des associations familiales) salue des premières mesures «qui vont dans le bon sens». Mais soulève aussi plus interrogations. Les communes, désignées comme «pilotes», n’ont pas pour autant «l’obligation de développer et de financer ces modes d’accueil», relève l’Unaf. «Dès lors, en quoi ces dispositions permettront-elles aux familles d’obtenir une garantie de réponse à leurs besoins et à ceux de leur enfant?»
Autre défi de taille, la qualité de l’accueil dans les structures collectives. En avril, un rapport cinglant de l’Igas sur la «maltraitance institutionnelle» appelait à de profondes réformes dans les crèches pour mieux prévenir les dérives. La première ministre devrait également annoncer une enveloppe de 70 millions d’euros dédiée à l’amélioration de l’accueil. Cette somme sera dédiée à la mise en place d’un système de «remontées et de suivi des signalements» va être instauré et au renforcement de la politique de contrôle des crèches. Le collectif Pas de bébés à la consigne a appelé les parents et les professionnels de la petite enfance à manifester le 6 juin pour protester contre le manque de mesures pour revitaliser le secteur.
Source : Le Figaro