Selon un sondage, réalisé par l’Ifop, les Français disent écrire moins à la main qu’il y a dix ans. Cependant, ils restent attachés au papier.
Assiste-t-on à la fin de l’ère de l’écriture manuscrite? Un sondage, publié par Otypo (spécialisé dans la gravure, la signalétique et l’impression), effectué sur un questionnaire en ligne réalisé par l’Ifop du 15 mai au 16 mai 2023, et mené auprès d’un échantillon de 1003 personnes représentatives de la population française (âgées de 18 ans et plus), révèle que 78% des personnes interrogées disent écrire moins à la main qu’il y a dix ans. D’après les pourcentages relevés, seule une minorité de nos concitoyens écrit aujourd’hui plus souvent sur papier qu’avec un clavier. 55% des Français utilisent désormais plus le clavier que le stylo pour écrire au quotidien et moins d’un Français sur deux a écrit une lettre sur papier ces 12 derniers mois. Le constat est sans appel, les courriels et textos ont remplacé les courriers.
Les nouvelles technologies supplantent l’écriture «cursive»
Depuis plusieurs années, le monde du travail s’est adapté à l’ère du tout numérique. Seule une minorité de Français (11%) «écrit aujourd’hui plus souvent sur papier qu’au moyen d’un clavier». Ils sont un quart (25%) à utiliser aussi bien stylo que clavier de manière indifférente. Chez les jeunes, on écrit moins à la main qu’il y a sept ans: seuls 11% d’entre eux disent écrire aujourd’hui plus fréquemment à la main contre 14% en 2016.
L’étude relève que l’écriture sur papier est davantage privilégiée chez «les Français peu diplômés» parmi lesquels «on distingue le plus d’adeptes du papier» (14% chez les ouvriers et les employés). À l’inverse, les cadres vont avoir plus tendance à utiliser les outils numériques à leur disposition, ils ne sont plus que 9% parmi eux à écrire le plus souvent sur papier. Si près de 8 Français sur 10 estiment aujourd’hui écrire moins à la main qu’il y a dix ans, cette tendance est «davantage prononcée auprès des cadres (85%) que chez les ouvriers (70%)», note l’Ifop.
Vers la fin des cartes postales?
Avec l’été viennent les beaux jours, et accessoirement les cartes postales qu’on envoie aux êtres qui nous sont proches. Si les vacanciers sont souvent attachés au rituel de la carte postale, les chiffres parlent d’eux-mêmes: moins d’un Français sur deux (32%) a écrit une carte postale au cours de la dernière année, contre à peine plus (41%) pour la lettre personnelle sur papier.
Néanmoins, «tout n’est pas perdu», selon l’Ifop. En effet, les Français restent profondément «attachés au papier et à ses bienfaits en termes de concentration, d’apprentissage, ou tout simplement pour le plaisir qu’écrire à la main procure». S’ils écrivent moins avec un stylo à cause de l’ère de tout numérique, ils sont plus d’un quart (26%) à «préférer écrire sur papier qu’avec un clavier» contre 25%. Et, point non négligeable, ils sont 40% à aimer les deux moyens d’écriture, de manière indifférente. «Ces résultats, au premier regard contre-intuitifs dans une société ultra numérisée, témoignent du profond attachement des Français à l’écriture manuscrite, conscients sans doute de ses vertus pour la concentration, l’apprentissage et la mémorisation», poursuit la publication.
Chez les jeunes, cette préférence pour le papier a évolué: «ils préfèrent également aujourd’hui écrire sur papier (pour 31% d’entre eux) alors qu’ils plébiscitaient le clavier en 2016)», indique le sondage.
L’écriture, un handicap pour beaucoup de Français
Bien qu’attachés au papier, l’écriture «cursive» a été un handicap pour beaucoup de Français, «aussi bien durant la scolarité que dans la sphère professionnelle». Notamment du côté des hommes qui sont 38% à considérer que leur propre écriture a fait «l’objet de critiques de la part d’enseignants ou d’élèves», contre 23% seulement de femmes. Un handicap qui leur a valu des points en moins à l’école, ont estimé 33% d’entre eux, contre 22% des femmes.
Une difficulté qui s’est, étonnemment, poursuivie dans le cadre professionnel pour 14% d’entre eux, contre moitié moins pour les femmes. Certains (13%) ont part ailleurs renoncé à une offre d’emploi qui exigeait une lettre manuscrite.
Enfin, le sondage fait part de l’intérêt grandissant des Français pour l’écriture inclusive, et ce même s’ils se montrent extrêmement partagés sur le sujet. Sur ce point, les femmes interrogées s’y montrent plus favorables que les hommes (55%) «au regard du progrès qu’elle représente en termes d’égalité entre les genres». Parmi les 1003 sondés, ils sont 51% à considérer positivement l’emploi du point médian dans les documents officiels et administratifs. En revanche, ils le sont à des degrés moins élevés pour les échanges professionnels et privés (49%), conclut l’étude.
Source : Le Figaro