Après trois élections blanches, l’essayiste a été élue jeudi au fauteuil de Jean-Loup Dabadie, par 13 voix sur 23 votants. La Coupole compte désormais sept femmes et vingt-neuf hommes.
La philosophe et essayiste Sylviane Agacinski a été élue ce jour à l’Académie française, au fauteuil de Jean-Loup Dabadie, décédé il y a trois ans, par 13 voix sur 23 votants (dont 7 croix, synonyme de refus). La Coupole compte désormais sept femmes et vingt-neuf hommes.
Il aura donc fallu un 4e scrutin, après trois élections blanches, pour que «l’illustre compagnie» accueille un nouveau membre en son sein, quinze mois après l’élection d’Antoine Compagnon. Il était temps. Trois élections blanches, depuis le 12 mai 2022, où avaient été écartées successivement les candidatures de Franz-Olivier Giesbert, Olivier Barrot, Benoît Duteurtre, Frédéric Beigbeder, Éric Neuhoff et Alain Borer, entre autres. Une fois n’est pas coutume, l’Académie a même décidé d’accélérer la procédure, contrairement à ses habitudes protocolaires, en ayant déjà annoncé, il y a quelques semaines, la date de la prochaine élection au fauteuil de Marc Fumaroli, disparu en juin 2020, qui a été fixée au jeudi 22 juin. Parmi les candidats : le romancier et poète Hédi Kaddour (né en 1945), qui fait figure de favori, jusque-là. Trois autres fauteuils sont vacants, ceux de René de Obaldia, de Valéry Giscard d’Estaing et de Jean-Denis Bredin. À moins qu’une nouvelle élection blanche ne retarde encore une fois les scrutins à venir.
Opposition à la GPA
Née en 1945, Sylviane Agacinski a participé, à 30 ans, à la création du Groupe de recherche sur l’enseignement philosophique, aux côtés de Jacques Derrida (dont elle aura un enfant) et de Jean-Luc Nancy. Quelques années plus tard, elle est nommée directrice de programme au Collège international de philosophie avant d’enseigner à l’EHESS, jusqu’en 2010. Entretemps, en 1994, cette figure intellectuelle féministe a épousé Lionel Jospin, futur Premier ministre, et alors simple conseiller général de la Haute-Garonne. C’est l’année où elle publie Critique de l’égocentrisme, suivi, en 1998, de Politique des sexes. Mixité et parité.
Dans Politique des sexes (1998), elle réaffirmait que la différence sexuelle est une donnée naturelle que les sociétés interprètent diversement, tout en critiquant la pensée de Simone de Beauvoir. En 2002, elle avait tenu un carnet intime, couvrant la période la campagne présidentielle, de janvier à mai (Journal interrompu). On lui doit également des études sur Kierkegaard, et sur les dramaturges Ibsen et Strindberg.
Son ouvrage le plus connu et le plus polémique est Corps en miettes, paru en 2009, et où elle écrivait, tout en s’engageant dans le débat sur la révision des lois de bioéthique de 2004: «Le baby business cherche partout des ventres à louer. La propagande en faveur de la GPA ne saurait masquer la violence d’une telle pratique. Au nom de la dignité de la personne humaine, ce livre appelle à résister.»
Source : Le Figaro