Un tribunal français a mis un terme au déminage controversé d’un bidonville et à l’expulsion de migrants du territoire insulaire français de Mayotte dans l’océan Indien. Le plan d’expulsion a provoqué des affrontements entre les habitants et les forces de sécurité, et a déclenché des tensions avec les Comores voisines, où des cargaisons de migrants de retour se voient refuser l’atterrissage. Que se passe-t-il?
Mayotte est le département le plus pauvre de France. Les trois autres îles composant l’archipel des Comores – Mohéli, Anjouan et Grande Comore – sont indépendantes depuis un référendum en 1974. La pauvreté est profonde et endémique en République des Comores.
Environ la moitié des 350 000 habitants de Mayotte sont nés sur les autres îles du groupe, nombre d’entre eux fuyant les Comores à la suite de l’indépendance. Des milliers de migrants africains, notamment comoriens, tentent chaque année de rejoindre illégalement Mayotte.
Les habitants de Mayotte bénéficient de la santé, de la protection sociale et de l’éducation françaises, faisant de l’outre-mer un pôle d’attraction irrésistible pour les migrants des îles voisines.
En 2019, la France a promis 150 millions d’euros d’aide au développement dans le cadre d’un accord pour lutter contre la traite des êtres humains et faciliter le rapatriement des Comoriens de Mayotte.
Débarras des bidonvilles
La récente opération controversée d’élimination des bidonvilles, appelée Wuambushu ou “Take Back” dans la langue locale, est un effort pour expulser les migrants des bidonvilles urbains de Mayotte et ainsi améliorer les conditions de vie des habitants.
Le plan est d’expulser les sans-papiers vers les Comores.
Quelque 1 800 membres des forces de sécurité françaises ont été déployés pour l’opération, dont des centaines envoyés de Paris. Il y a eu de violents affrontements entre la police et les jeunes habitants des bidonvilles.
Un tribunal de Mamoudzou a arrêté mardi le nettoyage d’un bidonville situé à Koungou près de la capitale, affirmant que l’action n’avait aucun fondement juridique et menaçait l’ordre public.
L’administration locale a annoncé qu’elle ferait appel.
La France agit résolument
Les autorités comoriennes, dont les trois îles se situent au nord-ouest du territoire français, ont déclaré avoir refusé qu’un bateau transportant des migrants expulsés de Mayotte débarque à Anjouan. La plupart des migrants clandestins expulsés sont comoriens.
Les Comores ont également suspendu le trafic de passagers à Mutsamudu, le port où débarquent habituellement les migrants expulsés.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin insiste sur le fait que la France mène “une action résolue” contre la criminalité et les gangs à Mayotte.
Source : Rfi