Azali Assoumani, président de l’Union des Comores et président tournant de l’Union africaine, a déclaré à RFI qu’il n’accepterait pas le rapatriement forcé par la France d’une dizaine de milliers de personnes de Mayotte vers les Comores. Il n’acceptera pas non plus de compensation financière pour accueillir des Comoriens sans papiers à Mayotte dans le cadre de l’opération “Wuambushu”.
“Je n’accepterai pas aujourd’hui d’argent en échange des Comoriens expulsés de Mayotte. On ne fait pas de commerce comme ça”, a déclaré dimanche le colonel Azali Assoumani, président de l’Union des Comores, à RFI et à sa chaîne sœur France 24 .
Assoumani est le président des trois îles, Grande-Comore, Mohéli et Anjouan, ainsi que le président tournant de l’Union africaine pour 2023.
Il a déclaré avoir récemment parlé au président français Emmanuel Macron à deux reprises au téléphone et avoir demandé à le rencontrer.
L’opération dite « Wuambushu » (« reprendre » en comorien) a débuté le 21 avril 2023 à Mayotte, département français, afin de lutter contre l’immigration clandestine et la criminalité organisée sur l’île.
Mayotte est un “problème français”
“La France gère Mayotte depuis 47 ans. Elle est responsable, sinon coupable, de ce qui s’y passe, a déclaré Assoumani.
“Les trafiquants d’êtres humains sont originaires de Mayotte. Ce n’est pas moi.
“J’assume la responsabilité de ce qui se passe dans les trois îles [Grande-Comore, Mohéli, Anjouan] en matière de délinquance juvénile mais pas de ce qui se passe à Mayotte”, a ajouté Assoumani.
Mayotte a voté contre l’indépendance en 1975, contrairement aux trois autres îles de l’archipel des Comores. Il est devenu le 101e département de France en 2011 et le plus pauvre.
En 2019, l’Union des Comores a accepté une aide financière de 150 millions d’euros de la France pour mettre un terme à la traite des êtres humains et à l’utilisation des « kwasa-kwasa » (bateaux de pêche traditionnels comoriens) pour transporter illégalement des personnes vers Mayotte.
Mais selon la députée Estelle Youssuffa, la situation s’est aggravée depuis 2018.
“L’insécurité à Mayotte et une migration incontrôlée rendent la vie insupportable sur l’île”, a-t-elle ajouté.
Le président Assoumani a déclaré à RFI qu’il n’accepterait aucun soutien financier en échange de l’accueil des dix mille personnes expulsées de Mayotte.
“La France est un Etat de droit. Elle doit légaliser la situation des gens là-bas. C’est à la France de gérer les Comoriens à Mayotte, je ne les accepterai pas sur les trois îles”, a-t-il ajouté.
“Les personnes [qui doivent être expulsées] ne sont pas seulement originaires des trois îles [comoriennes] mais aussi du Rwanda, de Madagascar, du Burundi”.
Source : rfi.fr