Gérald Darmanin a le chic pour sortir la bonne formule. On se souvient du « ça va bien se passer madame » lancé à une journaliste de BFMTV en février 2022. Treize mois plus tard, le ministre de l’Intérieur semble s’imiter lui-même en s’adressant à la population de l’île de Mayotte, située dans l’océan indien : « L’action menée à Mayotte est la restauration de la paix républicaine. C’est une action difficile mais extrêmement résolue. »
L’action en question consiste à détruire un millier d’habitations de fortune où vivent des familles, et à expulser 20 000 immigrés clandestins vers les Comores voisines. Même si l’opération de « décasage »1 a été freinée in extremis par la justice, le gouvernement n’a pas l’intention de renoncer et a mis les moyens pour parvenir à ses fins : 1 800 gendarmes et policiers quadrillent le terrain et des unités d’élites sont déployées. Le Raid ou la CRS 8, à peine débarqués, ont déjà fait usage des armes à feu…
Du « rétablissement de la paix » à Mayotte à la « pacification » en Algérie ou en Nouvelle-Calédonie, la sémantique des ministres paraît étrangement proche, même si la réalité est bien différente. Car, à Mayotte, l’Etat ne fait pas face à une insurrection nationaliste, bien au contraire ! L’identité politique de Mayotte s’est construite sur le refus de partager le sort des Comores dans leur marche vers l’indépendance.
Source : alternatives