Sur l’archipel, chacun s’adapte comme il peut face à une crise de l’eau qui empoisonne le quotidien. La majorité des Mahorais n’y a accès qu’un jour sur trois.
La cuisine d’Haladi a une drôle d’allure. Sur son plan de travail, les bouteilles en plastique s’accumulent. Un peu plus loin, par terre, des bidons de 5 litres avoisinent bassines, casseroles et autres récipients, tous de l’eau à ras bord. Quelques packs de bouteilles pas encore déballés sont aussi cachés comme un trésor sous une couverture, parce «qu’on ne sait jamais». Aux robinets du Mahorais de 55 ans, qui habite M’Tsapéré, un quartier excentré de la capitale, Mamoudzou, le débit a déjà commencé à baisser. Nous sommes samedi 7 octobre, il est bientôt 16 heures. Dans quelques minutes, plus une goutte n’en sortira. Il faudra attendre deux jours, au moins, pour la voir à nouveau couler. «Ne pas savoir avec certitude quand l’eau reviendra, si vous en aurez pour faire à manger ou vous laver, je vous jure, ça vous met le moral à zéro.»
Depuis des mois, comme tous les habitants de Mayotte, Haladi et sa famille jouent de débrouille et vivent au rythme des coupures. La faute à une sécheresse plus vue depuis 1997, combinée à des infrastructures sous-dimensionnées et défaillantes, l’archipel manque d’eau. Au 2 octobre, les deux retenues collinaires, dont dépendent en grande majorité les Mahorais, n’étaient remplies qu’à 15% et 7,2% (contre 90% et 65% l’année passée à la même date). Et comme la saison des pluies ne doit pas commencer avant au mieux mi-novembre, l’eau est précieuse et doit être rationnée.
Source : liberation.fr