Mayotte n’en finit plus d’avoir soif. Le département fait face à une sécheresse historique depuis un an, qui s’ajoute à des problèmes de gestion de l’eau par les autorités. Résultat, elle ne coule plus au robinet que quelques heures tous les trois jours. Alors où trouver de l’eau ? Des bouteilles viennent par bateau de la Réunion, l’île Maurice et de France métropolitaine. De l’eau est également rendue potable sur place à Mayotte pour les urgences.
Un soleil de plomb, une chaleur étouffante et plusieurs rivières à sec. La sécheresse frappe particulièrement durement Mayotte.
Heureusement, l’eau coule encore dans la rivière Coconi. C’est pour cela que la quarantaine de militaires de l’armée de terre arrivés de métropole l’ont choisi pour produire de l’eau potable. Le commandant Luc dirige l’équipe. « Aujourd’hui, dans les rivières à Mayotte, il y a de moins en moins d’eau. La rivière Coconi ne fait pas exception. Mais pour l’instant, on a toujours la ressource suffisante pour pouvoir produire 200 mètre cube par jour, ça doit faire 130 000 bouteilles à peu près. »
L’eau trouble de la rivière est pompée par de gros tuyaux, jusqu’à des cuves à ciel ouvert pour une première décantation. « Elle va nous permettre de faire tomber les particules les plus lourdes, avant de pouvoir les passer après dans les machines, afin qu’elles soient complètement traitées et rendues potables », explique le commandant.
C’est le caporal Sami qui est en charge de l’ultra filtration. « C’est neuf membranes qui filtrent à 0,1 micron. Enfin, elles vont passer par une lampe UV qui va venir stériliser l’eau pour enlever tout le restant de bactéries. Ensuite, elles vont être chlorées. Le chlore va assurer la désinfection de l’eau, et l’eau sera consommable. »
Une production trop faible
Chaque jour, l’eau est testée en laboratoire pour s’assurer qu’elle respecte les standards fixés par l’Agence régionale de santé. Malgré cela, les premières distributions dans un collège ont été rejetées par les élèves. Une simple question de pédagogie selon Gilles Cantal, préfet de l’eau à Mayotte. « C’est apparu comme un nouveau système, quelque chose qui n’était pas expliqué – “c’est quoi de l’eau potable”, “on n’y croit pas”… On a agi vite, et quand on met en place une stratégie nouvelle, il faut faire adhérer. Il y a un temps pour la communication et l’explication. »
La production de l’unité du commandant Luc reste de toute façon bien faible, au regard des besoins de l’île. Elle ne doit servir qu’en cas d’urgence. « Cette production peut être ciblée sur les populations les plus fragiles, ou dans le cadre d’une rupture d’une alimentation dans un village, par exemple, on est en mesure d’apporter de l’eau à ce village. »
Seuls cinq pays au sein de l’Union européenne sont équipés pour produire ainsi de l’eau potable. L’unité française aujourd’hui déployée à Mayotte l’a aussi été à Madagascar après un cyclone, à Haïti après un tremblement de terre, ou récemment à Derna en Libye après les inondations dévastatrices de septembre dernier. À chaque fois, des catastrophes exceptionnelles.
Source : Rfi