L’opération Wuambushu, une mission lancée pour lutter contre l’immigration clandestine et l’habitat insalubre, a placé Mayotte au cœur de l’actualité. Pourtant, une autre crise frappe l’île avec des enjeux considérables, celle du manque d’eau. L’île n’avait plus connu une telle situation depuis 27 ans. (Rediffusion du 29 mai 2023)
La sécheresse, à un niveau jamais atteint depuis 1997, plonge Mayotte dans une importante crise de l’eau. Les deux retenues collinaires de l’île, principales sources d’eau, sont remplies à moins de 45%. Il manque 5 000 m3 d’eau par jour pour répondre aux besoins de la population. « Les conséquences sont importantes, réagit Yanis Souhali, premier vice-président des Eaux de Mayotte. Pour le moment, on est à trois coupures nocturnes. Il y a de fortes chances qu’à partir des mois de juin ou juillet, on passe à quatre coupures nocturnes. Plus nous avançons dans le temps, plus nous serons peut-être obligés de passer à des coupures de 24h. »
Dans la ligne de mire du syndicat des eaux, la gestion des fuites qui représentent une perte considérable. « Le rendement du réseau de Mayotte est autour de 75%, précise Ibrahim Aboubacar, directeur général des services. Mais les tours d’eau aggravent les fuites. Il y a une opération de recherche des fuites en cours depuis un an et demi. Et là, il y a, en conception, une plus vaste opération de recherche de fuites qui sera lancée en juillet et dont l’objectif n’est pas seulement de stabiliser le volume de fuites, mais d’essayer de le réduire. »
Des risques sanitaires élevés
En attendant des solutions plus pérennes, comme la création d’une usine de dessalement à l’horizon 2026, l’ONG Solidarités international propose des solutions alternatives, notamment pour les plus précaires. 30% de la population ne serait pas raccordée à l’eau et donc contrainte de boire et de se laver dans les rivières.
« Nous sommes en train de tester l’une de nos solutions alternatives en versant l’eau de la rivière dans un second seau en passant par un filtre en tissu », explique Anthony Bulteau, le coordinateur de l’association, en train d’opérer près d’un cours d’eau proche d’un bidonville de Passamainty. « On va ensuite transférer le filtre et le plonger dans l’eau. Le pompage permettra d’extraire une eau débarrassée à plus de 99% de ses bactéries. »
L’objectif à terme est bien de distribuer ce filtre Orosa, une pompe portative ultra-légère, aux familles intéressées. Une façon de réduire les risques sanitaires qui éviterait « l’ampleur des épidémies que l’on peut constater à Mayotte, précise Anthony Bulteau. Par exemple, la typhoïde qui est 50 fois plus importante qu’en métropole, rapportée à sa population. »
À Mayotte, la question de l’eau est inflammable. Sa pénurie, imputée par certains à l’État, par d’autres aux étrangers en situation illégale, ne semble pas près d’être résolue.
Source : rfi.fr