Si la population de Mayotte, département français du canal du Mozambique en proie à l’insécurité, se montre déçue des premières semaines de l’opération Wuambushu, « reprise » en shimaoré, elle se prend encore à rêver d’un avenir meilleur. L’État et la préfecture de Mayotte, qui coordonnent cette opération d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière et de destructions de cases en tôle, ont en effet subi plusieurs revers, mais enregistrent quelques avancées en attendant les premiers décasages, peut-être dès lundi 22 mai 2023.
Bientôt le début des décasages
Prévue pour les premiers jours de l’opération, à la fin du mois de mai, la destruction de « Talus 2 » ne devrait débuter que ce lundi 22 mai, selon les informations du journal Le Monde. Une vingtaine de familles résidant dans ce bidonville de Majicavo Koropa avait en effet déposé un recours devant le tribunal judiciaire de Mamoudzou, qui avait décidé de suspendre le décasage, le 24 avril dernier.
De son côté, la préfecture de Mayotte avait fait appel de cette décision devant le tribunal administratif de Mamoudzou qui lui avait donné raison, samedi 13 mai. Nouvel épisode du feuilleton judiciaire, mercredi 17 mai, les juges de la chambre d’appel de Mayotte ont infirmé la décision du tribunal judiciaire et estimé que seul le tribunal administratif – qui avait donné raison à la préfecture – était compétent pour juger ce cas.
Désormais, l’équipe préfectorale a donc le champ libre pour raser ces cases en tôle, mais « doit encore organiser la mise en place de certaines actions » : stockage des effets personnels et inscription des enfants dans les écoles de la nouvelle commune de leurs parents sont notamment nécessaires avant l’intervention des bulldozers. Cette dernière devrait une fois encore provoquer des affrontements entre les forces de l’ordre et les délinquants de la zone. D’autres décasages devraient ensuite suivre dans les communes de Mamoudzou, Koungou, Bandraboua ou encore en Petite Terre.
Les violences continuent, des chefs de bande arrêtés
Malgré le renfort de centaines de gendarmes et de policiers sur l’île au lagon, il ne se passe pas une journée sans violences à Mayotte. Organisées et déterminées à se battre, les bandes du département qui sèment la terreur depuis plusieurs années se parent désormais de ponchos en plastique blanchâtres, attaquant les passants ou les forces de l’ordre par groupes pouvant atteindre plusieurs dizaines de jeunes.
Dans le cadre de cette lutte contre la délinquance, les services de police et de gendarmerie interpellent régulièrement des individus, y compris des « chefs de bande ». Le week-end dernier, la Bac (brigade anticriminalité) de Mamoudzou a mis la main sur l’un d’eux après un vol avec violences – il dressait des chiens pour menacer et attaquer ses victimes. Récemment, d’autres caïds ont été interpellés, à l’image de celui décrit par la préfecture comme l’un des « organisateurs » des délinquants de l’île, leur fournissant nourriture et tenues.
Source : ouest-france.fr