La France est prise entre le marteau et l’enclume sur Mayotte, la seule des quatre îles des Comores qui reste française.
La criminalité est endémique, avec plus de 400 enquêtes policières sur des meurtres, des vols à main armée et des vols de voiture au cours de l’année écoulée, sur une population estimée à 350 000 personnes.
Selon les statistiques officielles, seule la moitié des habitants de l’île sont des ressortissants français. La grande majorité des autres sont des arrivées illégales en provenance de la République des Comores voisine, composée des îles de la Grande Comore, de Mohéli et d’Anjouan. Ils ont choisi l’indépendance de la France lors d’un référendum en 1974.
Sans papiers et extrêmement pauvres, les Comoriens de Mayotte sont contraints de vivre dans des bidonvilles à la périphérie des villes. Ils sont blâmés pour pratiquement tous les crimes sur l’île.
Une tentative de la police de nettoyer un bidonville au sud de la capitale, Mamoudzou, et de rapatrier les personnes sans permis de séjour – appelée Opération Wuambushu – a maintenant été bloquée par les tribunaux.
Pas de coopération des Comores
Les autorités des Comores ont refusé d’autoriser les navires transportant les personnes expulsées de Mayotte à accoster. Ceci, malgré un accord en vertu duquel la France dépense des millions d’euros pour développer les trois îles indépendantes en échange de leur coopération dans le rapatriement des Comoriens.
L’État français est pris dans une impasse, selon le quotidien de droite Le Figaro. Les avantages sociaux offerts par le petit coin de France au large de l’Afrique attirent toute la misère de la région, affirme le journal.
“Si vos enfants sont nés à Mayotte”, poursuit le quotidien de droite. “Ils deviennent automatiquement français, avec tous les avantages que cela implique.”
Le parti de gauche Libération porte un autre regard sur la situation.
Cette tentative de bulldozer des cabanes et d’expulser les personnes qui luttent pour survivre dans des conditions épouvantables n’aurait jamais dû être tentée, dit Libé, reprochant au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sa motivation politique à court terme.
“Bien sûr qu’il faut lutter contre la pauvreté et la misère sur l’île”, poursuit l’article de Libération. “Mais il faut aussi agir contre les groupes armés qui terrorisent la population. Cela prendra du temps, et doit être organisé avec humanité et détermination. Il ne sert à rien d’envoyer des bulldozers pour ajouter de la misère à une situation déjà misérable”.
Il est temps d’en “tuer quelques-uns” ?
“C’est une guerre civile”, dit un militant local. “Et les victimes sont les Français de Mayotte. La seule raison pour laquelle tout cela n’a pas déjà débordé, c’est parce que nous sommes non violents.”
En début de semaine, l’élu local Salime Mdéré a évoqué “ces délinquants, ces voyous, ces terroristes”, ajoutant que le moment était peut-être venu “d’en tuer quelques-uns”.
Suite aux manifestations d’indignation du préfet de police de l’île et du ministre de la Justice Eric Dupont-Moretti, Mdéré a depuis présenté ses excuses pour ses propos.
Source : Rfi