La police française a libéré jeudi la journaliste Ariane Lavrilleux, qui avait été arrêtée après avoir fait état de fuites de documents affirmant que les renseignements français avaient été utilisés pour cibler des civils en Égypte, au cours d’une détention de deux jours qui a alarmé les groupes de défense des droits, a-t-elle déclaré.

Le site d’investigation Disclose a publié en novembre 2021 une série d’articles basés sur des centaines de documents secrets.

Ils montrent comment les informations provenant d’une opération de contre-espionnage française en Égypte, baptisée “Sirli”, ont été utilisées par l’État égyptien pour “une campagne d’assassinats arbitraires” contre les passeurs opérant le long de la frontière libyenne.

Mardi, le domicile de Lavrilleux a été perquisitionné et elle a été arrêtée pour interrogatoire par des agents de la DGSI, le service de renseignement intérieur français, a annoncé Disclose sur X (anciennement Twitter).

Il dénonce une “atteinte inacceptable au secret des sources”, un avis rapidement partagé par la Société des journalistes et Reporters sans frontières (RSF).

“Nous craignons que l’action de la DGSI ne porte atteinte au secret des sources”, déclare RSF.

La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a déclaré : « Il est profondément effrayant que, près de deux ans après les révélations selon lesquelles la France aurait été complice des exécutions extrajudiciaires de centaines de personnes en Égypte, ce soit le journaliste qui a dénoncé ces atrocités qui soit pris pour cible. plutôt que les responsables. »

Des journalistes avaient manifesté devant le commissariat de police où elle était détenue.

Lavrilleux a déclaré sur X qu’elle avait été libérée, en publiant une photo jubilatoire et le hashtag #JournalismisNotaCrime. La durée maximale de détention sans frais en France est de 48 heures.

Virginie Marquet, avocate de Lavrilleux et Disclose, a confirmé qu’elle avait été libérée, sans aucune inculpation à ce stade. Un ancien militaire également arrêté mardi va cependant comparaître devant un magistrat pour faire face à de nouvelles poursuites, a indiqué une autre source.

Les premiers articles de Disclose indiquaient que les forces françaises étaient complices d’au moins 19 attentats à la bombe contre des passeurs entre 2016 et 2018 dans la région.

Les documents montrent qu’il y a eu des avertissements de la part de responsables du gouvernement français, mais l’opération n’a pas été remise en question, a indiqué Disclose.

Le ministère des Armées a déposé une plainte pour « violation du secret de la défense nationale » suite à la publication de l’article, et un dossier a été ouvert en juillet 2022 par le parquet de Paris, puis confié à la DGSI.

Source: France 24

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